A. Marro.Biology and Eugenics.103
notablement dans la période de la décadence. Il est donc naturel que les
enfants nés des mêmes parents, aux diverses phases de leur organisme,
héritent de dispositions particulières à chacune d’elles.
C’était un fait déjà connu d’Aristote lui-même, que l’extrême jeunesse
des parents, de la mère surtout, lègue aux enfants un héritage d’imparfait
développement et de faiblesse, d’une taille peu élevée et d’une constitution
médiocre. Lucas écrit que De la Fontaine, chirurgien-chef dans le dernier royaume
de Pologne, attribuait l’extrême faiblesse physique des Juifs aux unions
prématurées. Le même fait a pu se vérifier en France. Au commence
ment du siècle dernier, en 1812-13, la loi inexorable de la conscription
poussa les familles décimées à marier leurs enfants avant l’âge, et jamais
on eut autant de cas de réforme par faiblesse de constitution qu’en 1833-34.
Burdach trouva dans la même raison l’explication de l’infériorité que les
premiers nés présentent souvent pour l’intelligence et les aptitudes, respecti
vement à leurs frères.*
D’autre part, pendant la vieillesse, l’homme s’en va graduellement en
perdant, en même temps que l’énergie physique, une partie de son énergie
morale, et la génération issue de gens âgés ne peut que porter la funeste
influence de la décadence qui a déjà envahi l’organisme des parents. Les
Romains avaient établi, par une loi, que le mariage était prohibé à l’homme
après 60 ans.
Buff on, dans son Histoire Naturelle, à propos du cheval, écrit que les
juments nées de vieux étalons et de vieilles juments montrent des signes
précoces de vieillesse.
Dès mon adolescence, d’après ce que j’avais observé chez deux de mes
camarades, j’ai soupçonné que les enfants de parents âgés portaient dès
leur naisance des caractères physiques et psychiques anormaux ; et, à cet
égard, je disais déjà il y a quelques années :f “ La tendance qui, parmi
les classes instruites spécialement, porte les hommes à contracter mariage à
un âge plutôt mûr, doit avoir une influence notable sur les caractères des
nouvelles générations. L’activité nutritive, la vigueur du coeur et des
muscles, l’énergie de l’âme et la force de l’esprit tendront par ce fait à
s’affaiblir de plus en plus, pour donner lieu, d’une part, à de la langeur
nutritive, aves tendances aux congestions du foie, à la lithiase et à la
diathèse goutteuse, à l’impuissance, etc. ; et, d’autre part, à la circonspection
de l’âme, à la manie ambitieuse et au froid égoïsme, qui, comme on le sait,
vont grandissant de la jeunesse à la vieillesse.”
Il avait résulté de mon observation pendant mon service de médecin can
tonal, que tous les enfants atteints de lithiase dont je connaissais les
familles, étaient nés de parents âgés.
* Prosper Lucas, Traité philosophique et physiologique de l’hérédité naturelle, p. 439.
Paris, 1850.
+ A. Marro ; Guida all ’arte della vita. p. 168. Torino, 1880.