M. L. March.Sociology and Eugenics.195
LA FERTILITÉ DES MARIAGES
SUIVANT LA PROFESSION ET LA SITUATION SOCIALE.
par M. Lucien March.
Directeur de la Statistique générale de la France.
L’étude comparative de la fertilité des mariages est l’une des plus
importantes parmi celles que peut se proposer la science eugénique. C’est
par le moyen de cette étude que l’on mettra peut-être en juste lumière les
facteurs de la restriction des naissances, là où l’on est en droit de supposer
que cette restriction peut porter préjudice aux qualités de la race.
Le relevé des naissances annuelles, même établi par catégories de
population, ne saurait donner de résultats aussi satisfaisants qu’une
statistique de familles, d’abord parce que c’est en observant une même
famille à ses divers états, sa fécondité et sa vitalité, qu’on peut espérer
sonder les causes qui déterminent cette fécondité et cette vitalité ; puis,
parce que la différentiation des catégories suivant la natalité résulte du
rapprochement de deux documents officiels : le bulletin de recensement et
le bulletin de naissonce, difficiles à mettre d’accord, tandis que le compte
des enfants par famille, et le relevé de certains caractères de la famille,
peuvent s’opérer sur un seul document, sur un bulletin de recensement ou
sur un bulletin de décès.
Malheureusement, les statistiques de familles sont peu nombreuses.
Les premières recherches, soit d’après les registres de l’état civil, soit
d’après des généalogies, ont été faites en Grande-Bretagne, mais, elles
portent sur des familles choisies.
En 1890, M.M. Rubin et Westergaard ont procédé à une enquête
générale, au moment du recensement, sur les familles de la Ville de Copen
hague et de quelques districts danois. Ces familles ont été classées par
catégories professionnelles ou sociales, et le même travail a été repris par
M. Cordt Trap, en 1900.
Il n’est guère de pays où l’on ait fait un relevé complet des familles
classées suivant le nombre de leurs enfants. Cependant en France, de
1886 à 1901, les familles recensées tous les cinq ans sur le territoire entier
ont été classées d’après le nombre des enfants survivants, au moment du
recensement. Aucun renseignement n’a été alors recueilli sur le nombre
total des enfants nés, de sorte que les chiffres publiés font ressortir, non
la productivité totale des mariages, mais l’effet combiné de cette productivité
et de la mortalité. De plus, aucune distinction n’a été opérée suivant les
classes sociales ou professionnelles.
En 1906, pour la première fois, la statistique française des familles a
porté sur tous les enfants nés en distinguant les enfants survivants le jour
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