20ÔSection III.M. L. March.
III.
En résumé, la statistique de familles françaises dont il vient d’être
sommairement rendu compte confirme ce qu’ont appris des recherches
relatives à l’influence de la catégorie sociale, du milieu social, du revenu,
sur la fertilité. De plus, elle permet de se mieux rendre compte des milieux
professionnels favorables ou défavorables à la natalité.
Il semble qu’en France les hospitalisés, nomades, détenus, etc., dont
la postérité forme un contingent peu désirable, ont une productivité plutôt
inférieure à la moyenne, mais on compte dans cette catégorie des individus
internés et par conéqusnt dont la fécondité été pour un temps enrayée.
Puis, il ne s’agit ici que de la fécondité légitime.
Les professions agricoles, industrielles, commerciales ou libérales, qui
constituent l’ossature de la population, comportent des catégories en quelque
sorte spécifiques. Les familles les moins productives seraient celles des
employés et ouvriers de services publics, des domestiques attachés à la
personne. Puis, celles des titulaires de professions libérales, des employés;
de commerce ou de banque, des employés de toutes catégories. Viennent
ensuite les patrons du commerce, des petites et moyennes industries, les
cultivateurs patrons, les domestiques agricoles ou industriels, les patrons de
grandes industries, les ouvriers de petites et moyennes industries, et les
ouvriers agricoles ; puis, avec une productivité supérieure, les journaliers et
manoeuvres des villes, les pêcheurs et marins, et enfin, avec la plus forte
productivité, les ouvriers des grandes industries, telles que les mines et les
filatures(i). La productivité n’est d’ailleurs pas la plus forte dans les petites communes
rurales. Elle est plus élevée dans les communes plus importantes où
siègent les grandes entreprises. Mais, elle décroît ensuite dans les grandes
villes et prend la valeur la plus faible à Paris. Le phénomène est général ;
dans les pays où la natalité commence à décliner, le mouvement commence
généralement dans la capitale où sont concentrées les professions commer
ciales et libérales, dont la productivité est très faible.
Le facteur économique “ professionnel ” semble donc un des plus
importants parmi ceux qui déterminent la fertilité ; plus important peut-être
que le facteur “ agglomération.”
L’influence du revenu ne semble point avoir, au moins en France,
1 importance exclusive qu’on lui a attribuée. Nous constatons bien que
les ouvriers ont généralement plus d’enfants que les patrons, mais certaines
(i) J ai montré dans un rapport antérieur qu’en France, dans les régions de
grandes exploitations rurales et dans celles de grandes industries la natalité est plus
élevée et a moins décru que dans les régions où dominent les petites exploitations.