M. L. March. Sociology and Eugenics.207
catégories de patrons et notamment les chefs de grandes entreprises ont
plus d’enfants que d’assez nombreuses catégories d’ouvriers ; les employés
ont mois d’enfants que les ouvriers. Pourtant, parmi les ouvriers les moins
rétribués, ceux dont le travail est le plus irrégulier, le plus sujet aux
chômages, comme les journaliers et les manoeuvres, ont plus d’enfants que
les ouvriers d’autres catégories mieux assurés contre les risques de l’existence.
On a invoqué aussi comme facteur de l’infertilité le désir de s’élever, ce
que Arsène Dumont a appelé la “ capillarité sociale.” Ici encore il faut
distinguer. La progression vers un niveau de plus en plus élevé de bien
être, comme tout ce qui exige une activité orientée vers un but fixe, peut
déterminer une baisse générale de la nativité; c’est là une des formes sous
laquelle intervient la civilisation progressive, mais l’examen des groupes
professionnels ne permet pas d’attribuer à cette forme une prépondérance
universelle. On a opposé le prolétaire des grandes agglomérations et l’artisan ou le
petit cultivateur, et l’on a dit “ que chaque classe a la productivité de la
classe à laquelle il veut appartenir l’employé a-t-il plus de raisons que le
prolétaire ouvrier d’espérer sortir de sa classe? il en sort peut-être moins
souvent. Pour résumer d’un mot ce qui, dans la complexité des facteurs, semble
applicable à toutes les professions, à toutes les conditions : la fertilité est
peut-être moins généralement gouvernée par le désir de s’élever que par la
crainte de déchoir, surexitée, par la conception que l’on a de la vie, et
cette crainte est directement liée au poids des enfants.
Le poids des enfants, c’est ce que chacun emesure—avec des impressions
plus vives qu’autrefois—en songeant à la mobilité croissante de l’existence,
au progrès des moeurs, des institutions, de la législation, qui alourdissent
la charge, pour la masse de la population.
Nous n’avon9 point à envisager ici les problèmes qui se posent pour
l’eugéniste à propos des soins que nous prenons maintenant pour conserver
de mieux en mieux les existences. Il n’apparait pas que ces soins créent, dés
à présent, le danger d’une sélection à rebours. Mais, si des mesures sont
prises Dour compenser les poids des enfants, il serait imprudent de ne point
tenir compte de ce danger. De plus, il convient de distinguer les com
pensations directes et les compensations indirectes, et de prendre garde que
ces dernières peuvent avoir des effets incertains à cause de la complexité des
facteurs en jeu. Par exemple l’accroissement du revenu d’une catégorie de
citoyens peut avoir pour conséquence, non un accroissement, mais une
diminution du nombre des enfants dans cette catégorie.
Les compensations directes, proportionnées au poids qu’il s’agit d’alléger,
et dirigées sur les milieux où elles sont le mieux susceptibles d’efficacité pour