346Section IV.H. Hallopeau.
La conduite qu’il convient de tenir à cet égard est différente suivant que
la syphilis est à sa période frimaire ou qu’elle est généralisée.
A la période frimaire, on doit mettre en oeuvre le traitement abortif
local, tel que nous l’avons formulé à diverses reprises, et tout récemment au
Congrès dermatologique et syphiligraphique international de Rome. Il
consiste essentiellement en des injections locales suffisamment multipliées d’un
agent spécifique bien toléré. On en a nié l’efficacité sous prétexte que la
maladie serait généralisée dès l’apparition du chancre; on se basait sur les
insuccès de l’ablation de la lésion initiale, alors même qu’elle a été pratiquée
dès les premières heures de son développement ; or, nous avons montré
que cette argumentation spécieuse portait à faux : c’est à tort que l’on
a limité au chancre l’infection initiale; nous avons établi, en 1911, dans une
communication à l’Institut de France (Académie des Sciences), qu’il y a
toute une région d'invasion frimaire qui s’étend tout autour de la lésion
apparente jusqu’aux ganglions satellites; l’ablation de cette région, dans son
ensemble, est impraticable, mais il résulte de nos observations cliniques
que l’on peut y annihiler le virus par des injections locales d’un produit
doué, à cet égard, d’une action spécifique; les mercuriaux ne sont pas à
employer dans ce but, en raison de la trop vive réaction qu’ils provoquent;
mais, on obtient au contraire les résultats les plus satisfaisants en ayant
recours au benzosulfonefara-aminofhénylarsinate de soude, découvert et
dénommé hectine par M. Mouneyrat.
En renouvelant quotidiennement les injections de cette préparation
pendant une quarantaine de jours, on détruit, pour ainsi dire, dans l’oeuf,
l’agent infectieux, et le malade est définitivement guéri de sa syphilis : on
peut lui permettre au bout d’un an une procréation qui sera eugénique.
Les rares trèpomènes pâles qui ont pu concurremment pénétrer dans fa
circulation ont été détruits par la résorption du médicament ainsi introduit
dans l’organisme.
Le tableau que nous avons l’honneur de présenter au Congrès met en
relief le bien fondé de ces propositions : on y voit, en effet, que, sur sç
syfhilitiques traités far notre méthode dans la fériode frimaire, 33 n'ont
Présenté, au bout d'un an ou flus, aucune trace d'accidents secondaires ; il
y a donc toutes chances pour qu’il n’y ait pas eu d’infection généralisée et
pour que les malades soient définitivement débarrassés de leur redoutable
ennemie, I'I n’y a pas d’exemple que les signes de généralisation aient
apparu plus tardivement.
On obtient des résultats analogues à ceux que nous venons d’exposer en
pratiquant, dans une région quelconque, deux ou trois injections de salvarsan.
Cependant la comparaison entre les deux médications est toute en faveur
de celle par l’hectine. En effet, l’expérience démontre que la généralisation
secondaire est notablement plus fréquente après les injections de salvarsan,
et, d’autre part, celles-ci sont loin d’être constamment inoffensives. Nous
avons fait connaître à l’Académie de Médecine un fait dans lequel elles