R. Dupuy.Medicine and Eugenics.431
Pour le système osseux—siège habituel de dystrophies les troubles portent
sur la vitalité (ostéoporose), la forme, les dimensions, le processus
de soudure et de calcification (rachitisme). L’arrêt, et le retard se manifestent
par la petitesse des os en général.
L’anomalie peut être totale (nanisme) ou partielle (ectromélie et
micromélie humérale par exemple). Et comme dans tout état d arriération,
on recontre, comme nous l’avons dit précédemment de la perversion et de la
déviation, on note souvent chez des sujets, arriérés par ailleurs, du gigantisme
total ou partiel (extrémités surtout), des disproportions et meme des types
de malformations identiques à celles de l’acromégalie.
Le caractère commun qu’ont tous les os longs des arriérés—qu’il y ait
perversion ou arriération—c’est de présenter un retard de V ossification que
l’on peut constater à la radiographie.
Par contre, les os plats—ceux du crâne par exemple—se soudent parfois
trop rapidement sans que l’on puisse trouver de lésions des méninges ayant
activé ce travail de suture précoce.
Les muscles se comportent comme les os. On les note soit en état
d’atrophie (éminence thénar, région fessière, muscles vertébraux, muscles
des membres), soit en état d’hypertrophie ou de myooëdeme comme pour
ceux de la 'langue. Considérés au point de vue de leur tonicité, ils sont
hypo ou hypertoniques, et si l’on ajoute à cet état le relâchment ou la
contracture des ligaments et des aponévroses, on comprendra aisément
pourquoi la station debout et la marche sont parfois difficiles chez ces sujets.
Les uns sont de véritables “ enfants en caoutchouc ” (hernies ombilicales
et inguinales fréquentes) qui peuvent reprendre la position foetale en se
repliant sur eux-mêmes; les autres sont des “ automates ” dont la raideur
est marquée.
Ainsi s’explique la pathogénie de certaines malformations : pied plat,
pied bot, genu valgum, dans lesquelles en plus des dystrophies osseuses
diaphysoépiphysaires, il y a dysharmonie entre les ligaments et les muscles
antagonistes qui les uns sont relâchés et les autres contracturés.
Du côté des articulations, on note des luxations congénitales par suite de
non terminaison des cavités articulaires et de laxité des ligaments. Les
raideurs articulaires par suite de retraction ligamentaire et musculaire
donnent souvent l’impression d’ankyloses. Nous avons noté ce phénomène
au niveau de l’articulation radio-cubitale supérieure ; ce trouble empêche
complètement les mouvements de pronation et de supination.
C’est par ce processus d’hypo et d’hypertonie que se produisent les
déviations de la colonne vertébrale (scoliose, lordose) qui sont relativement
fréquentes. De même, il faut indiquer les attitudes vicieuses de la tête sur
le tronc, qui paraissent avoir la même origine.
Souvent, il suffit de voir marcher ou courir ces enfants, la tête en avant,
les bras en arrière, monter et surtout descendre un escalier pour faire un
diagnostic d’arriération, tant leur démarche est spéciale.